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  • Le libre-échange peut-il seul sauver l’économie mondiale ?

    Contribution parue aux Echos :

     

    LE CERCLE/POINT DE VUE - Les derniers chiffres de l’OMC montrent un rétrécissement du volume des échanges mondiaux, situation qui pourrait être aggravée par les politiques protectionnistes promises par les populistes.

    Mauvaise nouvelle : l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit que les échanges mondiaux ne progresseront que de 1,7% cette année alors qu’elle prédisait un chiffre de 2,8% voici encore quelques mois. Ce chiffre rejoint les abysses de 2008, en pleine crise financière, et semble indiquer une contraction amenée à perdurer. Très inquiétant, les échanges progresseront moins vite que la croissance mondiale annoncée à 2,2% cette année.

    Avant la crise, le rapport était inverse, les échanges croissaient beaucoup plus vite que le PIB mondial et agissaient comme mécanique d’entraînement de ce dernier. Faute d’échanges commerciaux, certains commencent à craindre de voir des croissances mondiales comme nationales moribondes.

    La catastrophe est d’abord asiatique, l’Inde et la Chine ont vu leurs flux reculer au premier trimestre avant de repartir faiblement au deuxième. Seule l’Amérique du Sud parvient à tirer son épingle du jeu en enregistrant une progression de 4,4% de ses exportations. Le constat est aussi désespérant si l’on observe les importations des pays du nord. À titre d’exemple, elles sont passées, aux États-Unis, de +6,5% en 2015 à +1,9% en 2016.

    La tentation du protectionnisme

    En réalité, cette contraction est liée à un retour dangereux du protectionnisme qui semble infuser en maints endroits du monde. Le Brexit, même s’il fut justifié par un refus des migrants, va se traduire par un ralentissement des flux entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne (UE) même si l’on peut espérer que des accords de libre-échange bipartites ou pluripartites puissent voir le jour à plus ou moins court terme.

    Les discours fracassants de Donald Trump sont aussi un signe terrible de repli sur soi. Non content de vouloir faire construire un mur de séparation avec le Mexique, refuser l’entrée des musulmans sur le territoire américain, il veut annuler l’ensemble des traités de libre-échange auxquels les États-Unis sont partie. Et voilà l’Amérique revenue aux temps d’Andrew Jackson, le septième président américain (1829-1837). 

    La France n’est pas éloignée de ces idées, si l’on prend la peine d’écouter les tribuns d’extrême gauche et d’extrême droite qui se rejoignent sur la ligne du protectionnisme économique. La préférence économique française, pour laquelle nous plaidons fréquemment, si elle peut présenter de nombreux avantages, ne peut pas émaner d’une loi ; elle ne peut découler que d’une préférence collective, d’une prise de conscience, d’une volonté. 

    Les chiffres de l’OMC sont malheureusement clairs. Repli sur soi, protectionnisme, établissement de frontières risquent de provoquer une récession économique mondiale que seule une politique concertée de libre-échange peut préserver. Robert Azevedo, le directeur général de l’OMC, ne s’y est pas trompé en appelant à éviter les politiques inconsidérées.

    Il reste plus que paradoxal de voir les résultats financiers des grands groupes mondiaux de vente sur internet que sont Ebay, Amazon ou Alibaba dont les profits se chiffrent en milliards, et d’entendre ceux-là mêmes qui sont consommateurs réguliers de ces sites s’opposer au libre-échange qui est la raison d’être de ces plateformes.

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-160954-pourquoi-le-libre-echange-peut-il-seul-sauver-leconomie-mondiale-2031185.php?aQ2yT5i5Is5Yj0cf.99#xtor=CS1-33