Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Non, le CETA ne permettra pas d’importer les pétroles bitumineux canadiens

    Publié aux Echos

    TransCanada, la compagnie pétrolière, vient d’annoncer que son projet d’oléoduc Energie Est est abandonné.

    C'est l'une des nombreuses affabulations qui entourent le Ceta : sa vocation à devenir un canal d'approvisionnement des pétroles bitumineux canadiens vers l'Europe. L'ensemble des opposants en a fait un ressort de leurs discours, les plus hâbleurs, une véritable ritournelle.

    Or voici que la compagnie pétrolière TransCanada vient d'annoncer sa décision de ne pas poursuivre son projet d'oléoduc Energie Est qui visait à réunir la province de l'Alberta à la ville portuaire de Saint-Jean. L'oléoduc de 4.600 km destiné à transporter quotidiennement 1,1 million de barils d'un coût supérieur à 15,7 milliards de dollars canadiens est définitivement abandonné.

    Le dirigeant de TransCanada n'a pas attendu pour déplorer la perte de 3.168 emplois, le chiffre est précis, censés être employés à temps plein pendant la construction auxquels se seraient ajoutés 261 emplois nécessaires au fonctionnement durant les vingt premières années.

    Le gouvernement du Nouveau-Brunswick, province canadienne appelée à être traversée, a également fait part de sa grande déception. Le premier ministre Brian Gallant a déclaré qu' «il ne fait aucun doute qu'avec le projet d'oléoduc Energie Est, nous aurions pu en faire beaucoup plus pour stimuler l'économie, renforcer l'éducation et améliorer les soins de santé dans notre province». Semblable désillusion étouffe la voix du maire de Saint-Jean, Don Darling, qui déplore que «nous tournons le dos à des millions de dollars d'impôts fonciers».

    Préoccupations environnementales et faiblesse du cours du pétrole

    Seul le maire d'Edmundston se réjouit de cet abandon, lui qui était très inquiet pour le bassin de la rivière Iroquois d'où sa commune tire son eau potable qui était censée être traversée par l'oléoduc.

    Ce sont donc les préoccupations environnementales qui ont conduit l'Office national de l'énergie à considérer les effets de l'oléoduc sur la production du gaz à effet de serre qu'elle soit liée à l'extraction du pétrole, à l'exploitation du pipeline ou au raffinage.

    Mais en réalité, l'argument fatal à l'oléoduc est le prix du pétrole qui reste au plus bas, continuellement inférieur à 50 EUR sans réelle perspective de hausse. De multiples facteurs expliquent la faiblesse du pétrole au nombre desquels on peut retenir les conditions géopolitiques de certaines parties du monde, le fait que l'offre est excédentaire et que les États-Unis font tout pour que le pétrole soit bon marché. À cela s'ajoute le fait que le libre-échange, avec sa vertu à réduire les droits de douane, concourt à cette baisse générale.

    Reste l'autre projet de pipeline Keystone XL qui est appelé à traverser Canada et États-Unis du nord au sud pour transporter le pétrole canadien jusqu'aux raffineries du Texas. Donald Trump avait donné son accord en mars 2017, mais une série de recours laissent jusqu'au 23 novembre 2017 pour que la commission en charge de ce dossier statue.

    Le CETA ne déversera pas de pétroles bitumineux en Europe

    Au cours des 1498 pages du CETA, et plus précisément au sein des annexes qui suivent le corps du texte principal, seules trois réserves sont relatives aux sables ou matières bitumineux que l'accord ne vise donc pas ouvertement ou secrètement à déverser en Europe. Quant au pétrole, il est présent dans quatre-vingt-six réserves de l'accord qui conduisent à laisser au Canada sa pleine capacité à légiférer sur le secteur de l'énergie.

    Il est alors truculent de s'apercevoir que ceux-là mêmes qui crient au scandale dès lors que serait émise l'idée que le CETA contrarierait la souveraineté française

    seraient ravis si un texte international quelconque obligeait le Canada à revoir sa politique énergétique.

    Il y a là un problème sémantique de taille, car le terrain juridique choisi pour asseoir une idéologie est rarement utile, sauf à considérer un principe de "droit écologique" qui serait supérieur à tout, mais qui n'existe pas encore en droit positif


    En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-174634-non-le-ceta-ne-permettra-pas-dimporter-les-petroles-bitumineux-canadiens-2121732.php#E5pHYrsCIrcGjZ5s.99