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Faut-il se réjouir de la fin de l'embargo américain sur le bœuf français ?

Publié aux Echos

 

LE CERCLE/POINT DE VUE - Les Etats-Unis ont récemment levé l'embargo sur les importations de viande bovine en provenance de France. Est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

La nouvelle est suffisamment importante pour justifier un communiqué conjoint de trois commissaires européens. Cecilia Malmström (Commerce), Phil Hogan (Agriculture) et Vytenis Andriukaitis (Santé et à la Sécurité alimentaire) ont salué vendredi 13 janvier la levée de l'embargo américain sur les importations de viande bovine en provenance de France, après dix-huit ans d'interdiction. «C'est une excellente nouvelle pour les producteurs français», ont déclaré les commissaires européens.

Déclenché par la crise de la vache folle, l’embargo américain était également lié au colibacille escherichia coli, mais perdurait surtout du fait que, depuis 1988, l’Europe interdit l’importation de boeuf aux hormones américains.

Principe de précaution

Les dangers liés à la vache folle étaient incontestables, personne n’a oublié ces images de vaches ne tenant plus sur leurs jambes, et pouvaient justifier que l’exportation de leur viande soit bloquée en raison des risques avérés ou des risques prévisibles au nom du principe de précaution.

Les mesures prises pour traiter la filière bovine avaient pourtant porté leurs fruits depuis 2005, date depuis laquelle la viande est parfaitement saine. Nulle précaution sérieuse ne justifiait la poursuite de l’embargo américain.

«250.000 tonnes vers l'Europe»

Il fallait cependant donner quelques gages aux américains toujours ulcérés de voir leur boeuf aux hormones interdit. «Les États-Unis envisagent d'exporter 250.000 tonnes après cet accord vers l'UE, prévient Dominique Langlois», président de l'interprofession bovine dans les colonnes du «Figaro» . Selon RFI, l'Europe devrait plutôt se voir imposer un contingent annuel de 50.000 tonnes.

En contrepartie, du boeuf européen sera exporté outre-Atlantique. Il le sera dès que sera mis au point le certificat sanitaire devant accompagner chaque lot exporté. Autant dire qu’il faudra attendre de longs mois et surement la fin 2017 si ce n’est le début 2018.

Guerre juridique

Cela n’aura échappé à personne, la chute des droits de douane a déplacé les contentieux vers les mesures non tarifaires. Ce n’est donc plus au motif qu’il faille payer de lourdes taxes que les importations sont compliquées, mais au prétexte que les produits à importer ne respectent pas les normes - souvent sanitaires - en vigueur de part et d’autre de l’Atlantique.

L’Europe n’est pas la seule visée par l’administration américaine, le poulet cru chinois est toujours indésirable sur le sol américain depuis l'épidémie de grippe aviaire. Et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes de Donald Trump qui risquent de changer la donne si l’on entend sa dernière saillie contre les produits chinois.

Vers une remis en cause des accords

Les contentieux portés devant l’organe de règlement des différends de l’OMC risquent fort de croitre à mesure de l’entrée en fonction progressive du nouveau président américain d’autant que les Etats-Unis sont actuellement liés par de nombreux accords qui pourraient apparemment être remis en cause unilatéralement par la nouvelle administration.

Nul doute que certains pays ne se laissent pas faire sans chercher à défendre leurs intérêts. Si les accords globaux comme le TTIP paraissent tristement voués à être rangés dans des placards sine die, les accords sectoriels devraient se développer avec force, les intérêts économiques étant gigantesques. La guerre économique mondiale ne fait donc que commencer.


En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-165311-faut-il-se-rejouir-de-la-fin-de-lembargo-americain-sur-le-boeuf-francais-2059378.php#KMDi8gd9Dd5ldVf1.99

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