CJUE : secret professionnel d'une autorité de surveillance du secteur financier sur une société en liquidation judiciaire
Une autorité nationale de surveillance peut invoquer le secret professionnel face à une demande d’accès à des informations concernant une entreprise d’investissement désormais en liquidation judiciaire, même si le modèle de cette entreprise ne visait qu'à escroquer sciemment les investisseurs.
Le Verwaltungsgericht Frankfurt am Main (Allemagne) a introduit une demande de décision préjudicielle portant sur l’interprétation de l’article 54 de la directive 2004/39/CE concernant les marchés d’instruments financiers dans le cadre d’un litige opposant des particuliers à la Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht (Office fédéral de contrôle des services financiers) au sujet de la décision de cette dernière de refuser l’accès à certains documents et informations concernant une entreprise d’investissement qui se trouve désormais en liquidation judiciaire.
Le modèle commercial de cette entreprise visait principalement à escroquer les investisseurs. Deux anciens cadres dirigeants de cette entreprise ont d'ailleurs été reconnus coupables d’abus de confiance et de fraude aux placements et ont été condamnés à une peine privative de liberté.
Dans un arrêt du 12 novembre 2014, la Cour de justice de l'Union européenne estime que l’article 54, paragraphes 1 et 2, de la directive 2004/39/CE doit être interprété en ce sens "qu’une autorité nationale de surveillance peut invoquer, dans le cadre d’une procédure administrative, l’obligation de garder le secret professionnel à l’encontre d’une personne qui, en dehors d’un cas relevant du droit pénal ou d’une procédure civile ou commerciale, lui a demandé l’accès à des informations concernant une entreprise d’investissement qui se trouve désormais en liquidation judiciaire, quand bien même le principal modèle commercial de cette entreprise aurait consisté dans une fraude de grande ampleur visant à escroquer sciemment les investisseurs et plusieurs des responsables de ladite entreprise auraient été condamnés à des peines privatives de liberté".