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Les menaces pesant sur la filière lait

La menace pesant sur la filière est triple: une hausse des importations entraînant une perte de part de marché des produits laitiers made in France, suivie de contrats d'approvisionnement avec les exploitants revus à la baisse. Ce que redoutent le plus les exploitants? Une volatilité accrue du prix auquel ils livreront leur lait aux industriels et aux coopératives. Ce dernier est en effet désormais indexé sur le cours mondial de la poudre de lait.

Pourtant, la fin des quotas, à laquelle les acteurs les plus sérieux se préparent depuis des années, est loin d'être une fatalité. Pour certains, c'est même une opportunité. «Le combat est loin d'être perdu d'avance pour les Français dont la qualité des produits est reconnue, mais il nous faut être plus agressifs en matière de compétitivité», assure Frédéric Chausson, directeur du développement coopératif de Sodiaal. Chez les éleveurs, la prise de conscience des efforts à fournir en matière de coûts de production n'est pas acquise. «En l'espace de quelques années, on leur a demandé de produire du bon lait, de penser à leurs débouchés et de gérer leurs contrats alors que la plupart d'entre eux n'avaient pas cette culture entrepreneuriale», explique un expert. De nombreux industriels tels la Laïta et Lactalis sensibilisent leurs éleveurs à l'«opportunité» que représente la fin des quotas pour augmenter leur production.

Coopératives et industriels des produits laitiers ont eux anticipé l'après-quotas, en grossissant pour atteindre la taille critique. Sodiaal a ainsi racheté Entremont et 3A, et Lactalis s'est marié à l'italien Parmalat. Pour sécuriser leurs approvisionnements dans un environnement instable, ils ont fait évoluer leurs relations commerciales avec les producteurs avec un nouveau système de contractualisation. Cela ne se fait pas sans heurt, comme le prouve la menace d'action de groupe de plusieurs producteurs de Lactalis. «Le contrat n'est pas la panacée, il faut l'améliorer, indique Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture. Il faut que les laiteries et les distributeurs adoptent une stratégie de lissage des prix pour éviter les variations brutales et assurer une visibilité aux éleveurs.»

La suppression des quotas a aussi poussé les industriels à mieux valoriser leur lait, tant sur leurs marchés intérieurs qu'à l'international. Pour absorber l'effet de la volatilité des prix et mieux répartir les risques, de nombreux groupes ont ainsi choisi d'élargir leur gamme de produits. Beaucoup sont ainsi allés sur des segments avec une barrière à l'entrée technologique, comme la poudre de lait infantile. Ou sur des niches. Lactalis a ainsi lancé l'an passé Sporteus (Lactel), un lait premium destiné aux sportifs.

L'export est par ailleurs devenu central dans la stratégie des groupes compte tenu du rythme de croissance de la demande mondiale (+ 2,5 % par an). S'il représente jusqu'à la moitié du chiffre d'affaires de certains acteurs du Nord, il reste plus marginal pour les Français à l'exception de Lactalis et Danone. Marquée par plusieurs scandales sanitaires, la Chine - qui redouble d'appétit pour les produits fabriqués en Europe - suscite bien évidemment les convoitises. Paysan Breton vient d'y lancer son beurre et son brie. Candia y vend son lait en poudre pour bébés dans des magasins homonymes. Tous sont prêts à appuyer sur l'accélérateur

 

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