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Le TTIP dans la campagne électorale américaine

Les candidats aux primaires américaines les plus virulents, Sanders et Trump, sont globalement opposés au traité transatlantique

Le TTIP continue d’alimenter l’actualité en Europe, mais intéresse également les États-Unis en pleines primaires. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les candidats à l’élection présidentielle américaine, exception faite d’Hillary Clinton, n’y sont guère favorables.

Donald Trump n’a pas manqué d’étriller le traité transpacifique récemment signé entre les États-Unis et douze pays de la frontière pacifique et considérait en juillet 2015 que le projet de traité transatlantique permettrait un raid européen contre l’économie américaine. Nul doute qu’arrivés à la magistrature suprême, ces accords de libre-échange resteraient lettre morte, le populiste américain n’ayant d’yeux que pour une hausse vertigineuse des droits de douane américains permettant de favoriser leur production.

De l’autre côté de l’échiquier, Bernie Sanders, n’y trouve guère davantage de saluts. Dans un débat l’opposant à Hilary Clinton le 7 mars dernier, le candidat déclarait "Je me suis élevé contre l’Amérique des grandes entreprises à maintes reprises. Je me suis rendu au Mexique et j’ai vu la vie des gens travaillant dans des usines américaines et payés 25 cents l’heure. J’ai compris que ces accords commerciaux vont détruire la classe moyenne de ce pays et j’ai mené la lutte contre eux. C’est une des différences majeures entre vous et moi".

Il n’est pas ici question d’une tentation ultra-protectionniste comme celle défendue par Trump, mais d’une vision banalement socialiste, ennemie virulente des entreprises et défenseur d’une vision renouvelée de la lutte des classes du XIXe siècle.

Sanders paraît moins dangereux que les déclarations ahurissantes de Trump, mais ne l’est pas moins, ayant ancré son discours électoral dans un populisme autant débridé que celui de son adversaire même s’il heurte moins certaines oreilles, promettant un miel sirupeux qui, s’il coulait, ruinerait la prospère économie américaine.

Ces positions reflètent un état d’esprit américain peu enclin au libéralisme contrairement à ce que certains ici pourraient prétendre. Si la faiblesse des charges et autres impôts prônant une vision timorée de la solidarité nationale ne fait guère de doute, leur libéralisme s’arrête aussitôt confronté au Buy American Act pourtant mis en application en 1933. Sanders semble distancé par Clinton à la différence de Trump qui paraît pouvoir continuer à caracoler en tête et, qui sait, parvenir à la présidence.

Ceci ne va pas sans poser de grandes difficultés, même s’il faut voir dans les problématiques de libre-échange la place réelle qu’elles occupent dans le débat : celle d’un microscopique épiphénomène. Une partie non négligeable du peuple américain est sensible à des arguments que l’on pourra trouver détestables, mais qu’il serait contre-productif de répudier. Il en va de la démocratie de ne pas filtrer la parole du peuple même quand elle est défavorable.

La parole américaine libérée permet d’apprécier le concert formé par le peu de goût des populations d’ici comme de l’autre côté de l’atlantique pour cet accord de libre-échange. Ce rejet peut s’expliquer par le supposé ancrage libéral de ces traités auquel on prête mille formes, de l’abandon de l’État providence à la consécration de l’État minimum, d’une doctrine économique (qui n’a pourtant jamais été soutenue littéralement par personne) qui laisserait le seul marché décider de la vie économique tout en refusant ses dimensions politique, juridique, économique et philosophique. Être libre est pourtant l’aspiration première d’une part importante de la population mondiale.

Mondialisation et crise migratoire achèvent de favoriser l’émergence d’un mouvement de repli sur soi global et de tentation de restauration ou de renforcement des frontières. Les appels à une solidarité internationale finalement très artificielle participent d’un brouillage des idées peu favorable aux traités de libre-échange.

Faut-il s’en résigner ? Non, et continuer, au contraire, à soutenir le débat afin de présenter les éléments forts susceptibles d’emporter l’adhésion de tous. Reste, enfin, à espérer que les positions modérées de Madame Clinton, puisqu’il ne reste qu’elle, parviennent à porter une voie raisonnée à la tête de la première puissance mondiale


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