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  • Les données personnelles au cœur des négociations sur le TISA (Trade In Services Agreement)

    Publié aux Echos

     

    Le projet d’accord sur les services, le TISA (Trade In Service Agreement), est bloqué sur la question du transfert des données personnelles.

    Le TISA vise à libéraliser les services (téléphoniques, bancaires, internet...) entre 50 pays, faisant de lui le plus grand accord commercial international. Les négociations se déroulaient jusqu'à présent dans la sérénité jusqu'à ce que vienne la question des "data", ces données dont tout le monde parle aujourd'hui en les qualifiant de Big pour leur promettre d'être le pétrole de demain.

    L'échange de services doit-il englober les données personnelles des clients de ces services ? La question ne se poserait pas si l'ensemble des pays négociateurs partageait une même approche.

    Une diversité d'approche

    L'Union européenne est très attachée à la protection de la vie privée et veille donc à ne pas autoriser un transfert des données au profit de pays qui ne la respectent pas, à tout le moins, qui ne la respectent pas avec un haut niveau de protection.

    À l'inverse, les États-Unis considèrent que les données personnelles doivent être automatiquement intégrées dans le TISA sans autre état d'âme. Ces données sont des éléments clés du business. Absorbées par les Big data, elles permettront bientôt de pouvoir proposer aux clients des publicités ciblant avec précision l'objet de leur désir. Mais, pour ce faire, il faut entrer, un peu, dans l'intimité des gens pour réussir à décrypter leur comportement. Les citoyens se résument ainsi à être des consommateurs.

    Comme souvent, là où l'Europe se penche sur les questions éthiques, de protection des droits de l'homme, les États-Unis raisonnent en termes de business. Il n'y a cependant pas que les États-Unis qui posent souci. D'autres États à la négociation, la Turquie, la Colombie ou le Pakistan, n'ont pas le même standard élevé de protection.

    Est-il opportun, avec ces derniers également, d'inclure les données dans le TISA même si le risque d'utilisation est, là, bien moins grand ? Mais il s'agit d'une question de principe ! Et cette question est suffisamment lourde pour avoir suscité bien des débats au sein même de la Commission européenne.

    Signature d'un accord de transfert des données sous forme de compromis

    Un compromis avait vu le jour, cet été, favorisant l'écriture d'une clause garantissant le transfert des données, mais assortie d'une formulation ambiguë aux termes de laquelle la protection européenne ne pourrait être mise à mal par l'accord, rappelant que le droit européen interdit ce transfert au profit de pays non européens ne garantissant pas une protection de la vie privée similaire à la nôtre. Une sorte de "Oui, mais" qui aboutit à la signature, le 11 octobre dernier, d'un accord autorisant le transfert.

    Certains observateurs ont déploré qu'en pratiquant ce "Oui, mais", certains officiels bruxellois s'étaient montrés trop confiants, considérant qu'ils tenaient les Américains, avant de céder sous leurs pressions au grand dam des défenseurs du droit à la vie privée.

    Assez cyniquement, d'autres ont argumenté, non sans raison, qu'un accord commercial vise à faciliter le commerce, et non la protection de la vie privée ! Pour sortir de ce piège, la Commission a imaginé transmettre le texte de cette clause autorisant les transferts de données à chaque État membre de l'Union pour qu'il puisse vérifier la compatibilité de son droit ; idée qui à l'heure actuelle est restée un voeu pieux.

    Certains craignent que le TISA puisse contrarier le futur nouveau droit européen de la protection des données personnelles qui doit entrer en vigueur en 2018. Les industriels des services reprochent, de leur côté, à la Commission européenne d'être hyper protectionniste en matière de données et que cette attitude puisse contrarier le processus global de négociation d'accords commerciaux internationaux en cours (TTIP, TISA, Accord avec le Japon... etc.).

    Il n'est pas faux de considérer qu'en l'état actuel, les géants d'internet, de la téléphonie, de la banque et des services financiers... voient d'un mauvais oeil cette frilosité européenne et pourraient être tentés d'implanter leurs activités en dehors de l'Europe ou de relocaliser ce qui y est déjà. Certaines données, qui touchent aux opinions, aux préférences, à l'état de santé, doivent être absolument protégées. D'autres comme la date de naissance ou le goût pour le chocolat...


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-161410-les-donnees-personnelles-au-coeur-des-negociations-sur-le-tisa-trade-in-services-agreement-2034512.php?j62wj4k68u7QelWk.99
  • Le libre-échange au secours de l'économie mondiale

    Pour l'OMC, le commerce international va mal. Une situation qui pourrait être aggravée par les politiques protectionnistes promises par les populistes, alarme notre contributeur Hervé Guyader, président du Comité français pour le droit du commerce international.

    MAUVAISe NOUVELLE : « L'OMC prévoit que les échanges mondiaux ne progresseront que de 1,7 % cette année alors qu'elle prédisait un chiffre de 2,8 % voici encore quelques mois. Ce chiffre rejoint les abysses de 2008, en pleine crise financière, et semble indiquer une contraction amenée à perdurer. Très inquiétant, les échanges progresseront moins vite que la croissance mondiale annoncée à 2,2 % cette année. »

    REPLI SUR SOI : « Cette contraction est liée à un retour dangereux du protectionnisme économique. Le Brexit va se traduire par un ralentissement des flux entre le Royaume-Uni et les pays de l'UE. [...] Les discours fracassants de Donald Trump (construction d'un mur avec le Mexique, annulation des traités de libre-échange) sont aussi un signe terrible de repli sur soi. La France n'est pas éloignée de ces idées, si l'on prend la peine d'écouter les tribuns d'extrême gauche et d'extrême droite.

    TENTATION PARADOXALE : « Il reste plus que paradoxal de voir les résultats financiers des grands groupes mondiaux de vente sur Internet que sont eBay, Amazon ou Alibaba, dont les profits se chiffrent en milliards, et d'entendre ceux-là mêmes qui sont consommateurs réguliers de ces sites s'opposer au libre-échange, qui est la raison d'être de ces plates-formes. »


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211342706860-le-libre-echange-au-secours-de-leconomie-mondiale-2031402.php?2Q7tyl47ervXz8ES.99
     

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211342706860-le-libre-echange-au-secours-de-leconomie-mondiale-2031402.php?GFZEUcL0ehoWGFY3.99
  • Le libre-échange peut-il seul sauver l’économie mondiale ?

    Contribution parue aux Echos :

     

    LE CERCLE/POINT DE VUE - Les derniers chiffres de l’OMC montrent un rétrécissement du volume des échanges mondiaux, situation qui pourrait être aggravée par les politiques protectionnistes promises par les populistes.

    Mauvaise nouvelle : l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit que les échanges mondiaux ne progresseront que de 1,7% cette année alors qu’elle prédisait un chiffre de 2,8% voici encore quelques mois. Ce chiffre rejoint les abysses de 2008, en pleine crise financière, et semble indiquer une contraction amenée à perdurer. Très inquiétant, les échanges progresseront moins vite que la croissance mondiale annoncée à 2,2% cette année.

    Avant la crise, le rapport était inverse, les échanges croissaient beaucoup plus vite que le PIB mondial et agissaient comme mécanique d’entraînement de ce dernier. Faute d’échanges commerciaux, certains commencent à craindre de voir des croissances mondiales comme nationales moribondes.

    La catastrophe est d’abord asiatique, l’Inde et la Chine ont vu leurs flux reculer au premier trimestre avant de repartir faiblement au deuxième. Seule l’Amérique du Sud parvient à tirer son épingle du jeu en enregistrant une progression de 4,4% de ses exportations. Le constat est aussi désespérant si l’on observe les importations des pays du nord. À titre d’exemple, elles sont passées, aux États-Unis, de +6,5% en 2015 à +1,9% en 2016.

    La tentation du protectionnisme

    En réalité, cette contraction est liée à un retour dangereux du protectionnisme qui semble infuser en maints endroits du monde. Le Brexit, même s’il fut justifié par un refus des migrants, va se traduire par un ralentissement des flux entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne (UE) même si l’on peut espérer que des accords de libre-échange bipartites ou pluripartites puissent voir le jour à plus ou moins court terme.

    Les discours fracassants de Donald Trump sont aussi un signe terrible de repli sur soi. Non content de vouloir faire construire un mur de séparation avec le Mexique, refuser l’entrée des musulmans sur le territoire américain, il veut annuler l’ensemble des traités de libre-échange auxquels les États-Unis sont partie. Et voilà l’Amérique revenue aux temps d’Andrew Jackson, le septième président américain (1829-1837). 

    La France n’est pas éloignée de ces idées, si l’on prend la peine d’écouter les tribuns d’extrême gauche et d’extrême droite qui se rejoignent sur la ligne du protectionnisme économique. La préférence économique française, pour laquelle nous plaidons fréquemment, si elle peut présenter de nombreux avantages, ne peut pas émaner d’une loi ; elle ne peut découler que d’une préférence collective, d’une prise de conscience, d’une volonté. 

    Les chiffres de l’OMC sont malheureusement clairs. Repli sur soi, protectionnisme, établissement de frontières risquent de provoquer une récession économique mondiale que seule une politique concertée de libre-échange peut préserver. Robert Azevedo, le directeur général de l’OMC, ne s’y est pas trompé en appelant à éviter les politiques inconsidérées.

    Il reste plus que paradoxal de voir les résultats financiers des grands groupes mondiaux de vente sur internet que sont Ebay, Amazon ou Alibaba dont les profits se chiffrent en milliards, et d’entendre ceux-là mêmes qui sont consommateurs réguliers de ces sites s’opposer au libre-échange qui est la raison d’être de ces plateformes.

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-160954-pourquoi-le-libre-echange-peut-il-seul-sauver-leconomie-mondiale-2031185.php?aQ2yT5i5Is5Yj0cf.99#xtor=CS1-33