Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • May + Trump = fin de la mondialisation ?

    Publié aux Echos

     

    À peine digérée, l’élection de Donald Trump mis en perspective de la nomination de Theresa May laisse certains croire que le glas de la mondialisation a sonné.

    C'est Margaret Thatcher et Ronald Reagan qui entamèrent, au début des années 1980, le virage aboutissant à la mondialisation dont le point d'orgue peut être fixé à l'année 1995 et la création de l'Organisation Mondiale du Commerce. Le libéralisme politique entrainait, à sa suite, le libre-échange, la suppression progressive des frontières douanières et la configuration d'un monde ouvert.

    Un retour au protectionnisme ?

    Faut-il croire que le nouveau Président des États-Unis et la nouvelle Première Ministre britannique vont enclencher une machine arrière toute protectionniste en cherchant à instaurer de nouvelles barrières économiques ?

    Faute d'actions concrètes à ce jour, il nous faut nous en tenir encore aux programmes qui restent flous, Theresa May ayant comme seule ligne la sortie de l'Europe et Donald Trump ne prendra ses fonctions que le 20 janvier prochain.

    Il demeure que Britanniques et Américains ont vu fleurir les promesses d'un retour à une vision domestique, isolée, de leur économie. Pour autant, les dirigeants anglais qui avaient porté ces promesses électorales ont démissionné aussitôt le résultat connu. Quant à Donald Trump, il semble avoir déjà fait siens quelques principes de réalisme et de pondération.

    L'analyse d'un vote fait souvent apparaître que l'électeur a été décidé par une seule mesure forte. Il en fut ainsi de la fracture sociale de Jacques Chirac, du travailler plus pour gagner plus de Nicolas Sarkozy et du changement pour François Hollande. 

    Dans le florilège des motifs ayant présidé au Brexit et à la venue de Donald Trump, le protectionnisme économique est-il réellement le marqueur décisif ?

    On serait tenté de le croire s'agissant de l'exemple américain dont le slogan "Make America great again" (rendre l'Amérique grande à nouveau) est fort de ressorts économiques protectionnismes quand il est question de redonner de l'emploi aux citoyens américains en faisant en sorte que la production soit le plus possible nationale. Il en va de même quand Donald Trump promet de faire la guerre commerciale à la Chine et de lui opposer des droits de douane élevés.

    Une libération de la parole raciste

    Ces éléments ont-ils été déterminants du choix américain ? Ou, à l'instar du Brexit, il est d'autres motifs moins avouables ? Quelques mois après, le Brexit laisse apparaître que le coeur du vote fut déterminé par le rejet des migrants qui menaçaient, à en croire ses promoteurs, d'envahir le Royaume.

    Donald Trump ne s'est pas montré moins timide envers les Mexicains et les musulmans dont il veut tout simplement interdire l'accès. Si les quelques jours qui sont passés ont vu une transmutation s'opérer, illustrant l'adage qui veut que la conquête du pouvoir diffère de son exercice, ses propos à l'encontre des étrangers n'ont guère été policés.

    May + Trump pourraient ainsi ne pas caractériser une défiance à l'égard du libre-échange économique, mais se cristalliseraient bien davantage sur le rejet des migrations et des musulmans.

    Cette analyse rend la situation française bien plus dangereuse, car si le programme économique de Marine Le Pen est fait d'incohérences et de non-sens, ses idées envers l'immigration sont, en revanche, d'une clarté absolue !

    La libération de la parole raciste ayant déjà été effectuée au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Hongrie, en Pologne... la crainte se fait vive pour la France.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-162704-may-trump-fin-de-la-mondialisation-2043559.php?KTCRXb2sVSOfeYMl.99
  • Quelles sont les conséquences internationales de l'élection de Donald Trump ?

    Publié aux Echos.

     

    Passée la surprise de l’élection de Donald Trump, vient le temps des conséquences dont l’aspect international augure de grandes incertitudes.

    Pour la seconde fois en 2016, le pire vient d'arriver ! Contre toute attente, contre tous sondages, contre tous les avis des politologues les plus affûtés, Donald Trump vient d'être élu Président des États-Unis. La séquence est inédite, aucun candidat aussi populiste n'avait été élu depuis des lustres.

     

    Peut-être même faut-il remonter à Andrew Jackson, 7e président américain, de 1829 à 1837 pour trouver une parenté ou aux années 1930 avec le Buy American Act de Roosevelt, même si la situation était distincte. La campagne de Trump est émaillée de tellement d'excès, d'outrances qu'il est difficile, impossible, d'y voir un programme clairement structuré. Tout n'est qu'incohérence.

    Des conséquences imprévisibles

    Les questions sont nombreuses :

    - Va-t-il réellement supprimer l'Obama care, l'assurance sociale voulue par l'ancien président ?

    - Va-t-il réellement construire, aux frais des Mexicains, un mur de séparation entre les États-Unis et le Mexique ?

    - Va-t-il réellement expulser plus de 11 millions de sans-papiers ?

    Nul ne le sait, et peut-être même pas Donald Trump lui-même qui ne pensait sûrement qu'à l'élection et non au pouvoir. Le champ international est plus problématique tant il a martelé son opposition radicale aux traités de libre-échange, sa volonté d'instaurer des taxes à l'importation de produits chinois qui se répercuteront par des taxes chinoises aux produits américains. Tout ceci risque fort de glacer le commerce international, de générer de multiples conflits commerciaux devant les organes de règlement des différends de l'Organisation Mondiale du Commerce.

    Les idées ultra-protectionnistes de Trump risquent malheureusement de se concrétiser tant elles ont constitué le marqueur de sa campagne. Les conséquences seraient terribles pour l'économie mondiale et même américaine qui ne produit que 9 % des biens qu'elle consomme.

    Et que dire de sa vision géopolitique tant il se montrait complaisant à l'égard de Vladimir Poutine et méfiant à l'égard de l'OTAN. Quelle sera sa position au regard du Moyen-Orient ? Quelle sera sa politique face à l'Union européenne ? Quelle sera sa décision au regard de l'accord issu de la COP 21 dont il a indiqué ne pas vouloir tenir compte ?

    De quelle manière combattra-t-il Daesh, quand l'on sait qu'il s'était déclaré prêt à utiliser tous les moyens possibles ? Le monde s'ouvre sur une période de terribles incertitudes.

    Reste à espérer

    Reste à espérer qu'il s'entoure des meilleurs conseillers et qu'en homme d'affaires avisé, il s'ouvre au libre-échange, seul à même de permettre la pérennité économique mondiale. Les États-Unis forment un marché intérieur solide, très puissant, mais ont bâti leur puissance sur les exportations.

    L'espoir est cependant bien maigre si l'on se souvient que le Sénat d'il y a quelque temps, déjà républicain, s'était montré hostile à la ratification du traité transpacifique. La victoire de Donald Trump s'étant accompagné de la conservation du Sénat et de la Chambre des représentants ne risque pas de modifier cette ligne protectionniste.

    Les tenants de la realpolitik réussiront peut-être à policer la pratique de Donald Trump qui n'a aucune expérience en la matière. D'autant que le pouvoir de Wall Street, tant décrié, sera finalement peut-être salvateur, car pondérant les éventuelles outrances du Président Trump.

    Sans doute faudra-t-il louer le régime politique américain qui fait des assemblées le siège du véritable pouvoir. Et gageons que la célèbre formule "La conquête du pouvoir est distincte de son exercice" trouve une nouvelle fois application.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-162451-quelles-sont-les-consequences-internationales-de-lelection-de-donald-trump-2041942.php?ZilHG6jHQovLelZh.99
  • Faut-il supprimer la nature mixte des accords de libre-échange ?

    Publié aux Echos

     

    Le récent véto wallon au CETA a fait vaciller, l’espace de quelques jours, la politique commerciale de l’Union européenne, ce qui appelle à une réforme de celle-ci.

    Cela n'aura échappé à aucun observateur du droit du commerce international, la nature des accords de libre-échange en Europe pose la question de sa crédibilité

    Compétence exclusive ou partagée ?

    La politique commerciale européenne est une compétence exclusive de l'Union pour autant que l'accord négocié se cantonne à éviter les champs de compétence partagée fixée par l'article 4 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union européenne, signé à Lisbonne. Ces champs partagés comprennent le marché intérieur, la politique sociale, la cohésion économique, sociale et territoriale, l'agriculture et la pêche, l'environnement, la protection des consommateurs, les transports, etc.

    On l'aura compris, à moins de se cantonner au seul sujet des droits de douane tel qu'était la vision du libre-échange du 20e siècle, aucun accord tel que sont envisagés le CETA, le TTIP, le futur accord avec le Japon... ne peut échapper à cette qualification.

    La compétence partagée implique qu'en sus de l'Union européenne et de la ratification du Parlement européen le traité soit ratifié par chaque parlement national. Ceci donna l'occasion aux Néerlandais de s'opposer au traité conclu avec l'Ukraine et aux Wallons de faire de même, l'espace d'une neuvaine, contre le traité conclu avec le Canada. Comment éviter qu'une telle situation se reproduise ?

    Supprimer le vote des parlements nationaux

    L'Europe est devant une double crise de crédibilité sur la scène internationale et de légitimité mise à mal par l'ensemble des dirigeants politiques qui pensent se grandir en l'abaissant. Il est possible d'appeler à une refondation politique, démocratique de l'Europe tendant vers une plus grande implication des parlements nationaux.

    En sens inverse, il est possible de plaider pour une réforme tendant à la suppression de la nature mixte pour confier toute compétence à la seule Europe et ainsi supprimer le vote des parlements nationaux. Imaginez les États-Unis obligés de solliciter l'avis des 50 États fédérés.

    Cette idée, audacieuse, est frontalement contraire aux discours populistes. Elle s'oppose également aux plus récentes propositions de Matthias Fekl, secrétaire d'État au commerce extérieur, qui réclame davantage de transparence et une implication des parlements nationaux et des États. Sa concrétisation soulèverait de multiples problématiques.

    De profondes difficultés de mise en application

    La première, déjà cruciale, est relative à la souveraineté qui est brancardée comme un étendard par tout ce que la France compte d'extrémistes de gauche comme de droite. La faillite de l'Europe serait due à son absence de démocratie, sa distanciation par rapport aux préoccupations des citoyens et rend inéluctable ici un retour au peuple, là un retour à la nation France. Il ne faudrait cependant pas oublier que l'Europe s'est construite sur la volonté commune des États !

    La seconde, juridique, revient à se demander comment opérer si l'on décidait de revenir sur cette qualification de traité de nature mixte. Deux observations en découlent.

    La première consiste à évoquer une réforme du Traité de Lisbonne dans un sens peu favorable à l'air du temps, car supprimant le vote des parlements nationaux au profit du seul parlement européen. L'unanimité requise des États membres suffit à considérer cette hypothèse comme irréaliste.

    La seconde, toujours juridique, revient à appeler la Cour de Justice de l'Union européenne à délivrer une interprétation audacieuse de la nature (mixte) des traités commerciaux en les intégrant dans la compétence exclusive de l'Union. La Cour doit rendre une décision très attendue l'an prochain relativement à l'accord de libre-échange signé entre l'Union et Singapour qui pourrait consacrer une telle interprétation.

    Reste qu'en ces temps où l'Europe est accusée de tout, il serait sage de cantonner la réforme de la nature mixte aux seuls accords commerciaux et non à l'ensemble des problématiques européennes comme la sécurité ou la défense qui sont des domaines innervés d'une opportune souveraineté.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-162390-faut-il-supprimer-la-nature-mixte-des-accords-de-libre-echange-2041614.php?TvufgSis6hzwzG1B.99