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Le titanesque chantier de l’union de l’énergie

La Commission européenne présentera le 25 février un ensemble de propositions pour renforcer la sécurité d’approvisionnement et finaliser le marché intérieur de l’énergie. Elle veut aussi faire de l’UE le leader mondial des renouvelables.

Crise ukrainienne oblige, les Européens pourraient enfin se doter d’une véritable union de l’énergie. Initiée par Jacques Delors, relayée il y a quelques mois par l’ancien Premier ministre polonais et désormais président du Conseil européen Donald Tusk, le projet est jugé prioritaire par la nouvelle Commission. Dès son arrivée à Bruxelles, Jean-Claude Juncker en a rappelé les principaux enjeux : mettre en commun les ressources, connecter les réseaux, parler d’une seule voix avec les pays tiers, diversifier les sources d’énergie et, bien sûr, renforcer la sécurité de l’approvisionnement. Il y a urgence. L’Union européenne importe 55 % de son énergie et dépend de la Russie pour le tiers de ses besoins en gaz. Ce qui, dans le contexte actuel de tension, ne manque pas de faire peser une menace sur l’Europe, comme vient de le rappeler l’abandon surprise par Moscou de son projet de gazoduc South Stream. « Nous ne devrions pas passer nos étés à nous inquiéter de nos approvisionnements en hiver », a martelé mercredi le vice-président en charge du dossier, Maros Sefcovic. Après des semaines de débats intensifs en interne et en externe, la Commission dévoilera, le 25 février, ses propositions qui devront, pour atteindre les ambitieux objectifs fixés par son président, faire preuve de volontarisme et d’imagination et ne pas se contenter de recycler les projets accumulés ces dernières années. Le même jour, elle présentera une « feuille de route » décrivant la contribution de l’Union européenne en prévision de la 21e Conférence internationale sur le climat (COP21) qui se tiendra du 30 novembre au 15 décembre 2015 à Paris. Les deux dossiers sont liés car une union de l’énergie devrait aussi permettre à l’UE d’atteindre les objectifs climatiques qu’elle s’est fixés pour 2030, à savoir une réduction d’au moins 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990, 27 % d’économies d’énergie, et une part d’énergies renouvelables à 27 %. Renforcer l’efficacité énergétique dans le secteur de la construction aura par exemple pour effet de limiter les émissions de gaz à effet de serre tout en permettant aux ménages de faire des économies, alors que 10 % de la population européenne est incapable de payer ses factures d’énergie.

 
 

Mais la tâche s’annonce titanesque tant les intérêts, les approches, les politiques varient d’un pays à l’autre. Chacun dispose de son propre bouquet énergétique, entre nucléaire, charbon, gaz, énergies renouvelables, et se trouve confronté à des enjeux très différents, selon sa situation géographique et son degré de dépendance. « Nous avons besoin de mécanismes pour informer nos voisins, pour les impliquer dans les décisions stratégiques même si ces dernières doivent être prises au niveau national », a averti Maros Sefcovic. A ces difficultés s’ajoutent les débats houleux sur la sortie du nucléaire et l’avenir du gaz de schiste.

De plus, l’Union européenne s’était fixé comme objectif d’achever en 2014 le marché intérieur de l’énergie. Mais, malgré les efforts entrepris, 28 marchés coexistent toujours, les barrières administratives et techniques sont toujours là, et chacun y va de ses propres régimes d’aide pour les renouvelables ou les mécanismes de capacité, sans parler des prix régulés mis en place dans certains pays, dont la France. « L’intégration des marchés européens de l’énergie s’est principalement faite dans le nord et l’ouest de l’Europe », constatait en décembre l’Agence internationale de l’énergie. Pour disposer d’un vrai réseau énergétique intégré et unique, l’UE devra se doter d’importantes interconnexions. Pas sûr que les 315 milliards du plan Juncker y suffisent

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