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Pourquoi l’Europe ne doit pas craindre Donald Trump

Publié aux Echos

LE CERCLE/POINT DE VUE - L’Europe a tout à gagner à adopter une politique commerciale de totale ouverture. Elle pourrait l’inaugurer en signant un prochain traité de libre-échange avec le Japon.

La politique protectionniste du nouveau président américain peut offrir à l'Europe la chance de redevenir un pivot économique et culturel mondial. La conquête du pouvoir est distincte de son exercice. Selon ce vieil adage, les outrances d'une campagne électorale destinée à galvaniser ses troupes et à séduire les indécis sont vite gommées une fois l'élu installé dans la fonction, surtout si elle est présidentielle.

Force est de constater que Donald Trump fait exception à ce principe. Et voici l'un des premiers dirigeants politiques qui applique, à la lettre, ses promesses de campagne. La politique gagne en crédibilité ce qu'elle perd en opportunité. Un mois d'action du nouveau président américain a achevé de nous convaincre qu'il allait mettre en application ses idées les plus ­délirantes.

Protectionnisme aveugle

Sa première décision fut de retirer les Etats-Unis du traité transpacifique. Sa politique économique respire d'un protectionnisme aveugle digne d'Andrew Jackson, 7e président amé­ricain, de 1829 à 1837. Donald Trump inaugure une vision renouvelée du protectionnisme qui balaie tous azimuts. Il en va de sa poli­tique commerciale internationale comme de sa politique migratoire. Après avoir menacé Ford, pourtant fleuron emblématique américain, et Toyota, qui n'a pas caché ses fortes inquiétudes, il n'a pas tardé à fermer ses frontières aux ressortissants de 7 pays musulmans suspectés d'encourager le terrorisme (décret suspendu depuis).

Ce faisant, il prouve qu'il n'a aucune conscience de ce que le monde des affaires, dont il est pourtant issu, nomme les « chaînes de valeur » en commerce international, qui signifient le plus simplement du monde que l'assemblage d'une voiture suppose une multitude d'opérations d'intégration de pièces qui peuvent provenir de multiples endroits. Imposer une fabrication 100 % américaine risque de poser quelques difficultés autant pratiques que juridiques.

Il démontre également qu'en fermant ses frontières il ignore que la Silicon Valley, pour ne parler que d'elle, accueille les intelligences du monde entier. Il suffit de voir les noms de ­certains créateurs et autres dirigeants d'entreprises technologiques pour s'apercevoir de leur diversité. Protectionnisme et repli sur soi ont toujours eu pour conséquence un appauvrissement économique autant que culturel, qui permet en général aux voisins d'en tirer parti, pour autant qu'ils adoptent une politique adéquate.

Une chance pour l'Europe

Puisque les Etats-Unis semblent avoir choisi de s'occuper de leur nombril, l'Europe aurait tout à gagner à adopter une politique de totale ouverture qui pourrait débuter par la signature prochaine d'un traité de libre-échange avec le Japon, troisième économie mondiale, qui permettrait aux entreprises européennes d'ouvrir une nouvelle porte en Asie. Les succès incontestés du traité signé avec la Corée du Sud et, plus récemment, avec Singapour devraient nous inciter à aller en ce sens.

Il faut voir le protectionnisme américain comme une chance à exploiter.

L'Europe pourrait ainsi redevenir un pivot central du commerce mondial et favoriser l'édiction de normes de haut standard. Ensuite, l'Europe et ses Etats membres devraient adopter des politiques attractives de visas permettant aux étudiants des zones boudées par les Amé­ricains de venir se former chez nous et participer à la création d'une valeur ajoutée qui fait souvent défaut ; la ten­tation des étudiants de nos grandes ­écoles est souvent de traverser la Manche ou l'Atlantique aussitôt diplômés. Il faut donc voir le protectionnisme américain comme une chance à exploiter, pour autant que nos dirigeants la saisissent


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