Le Venezuela, une «catastrophe économique»
«Au Venezuela, il faut faire la queue toute une journée avant de pouvoir acheter un litre de lait», déplore Christopher Dembik, économiste pour Saxo Banque, qui a séjourné dans ce pays d'Amérique latine. «Lait, poulet, papier toilette, préservatif… le pays manque de tout. Une nouvelle profession a même vu le jour: celle de faire la queue à la place des clients». En revanche, un plein d'essence coûte moins d'un euro… L'or noir est bon marché. Comment expliquer de tels paradoxes?
Un pétrole non rentable
Le pays reposerait sur une réserve de 300 milliards de barils, la plus importante au monde, selon l'OPEP. «Mais aujourd'hui avec un prix du pétrole en dessous de 50 dollars le baril, le coût de production est supérieur à la rente. Le pétrole vénézuélien est long et coûteux à extraire. En dessous de 120 dollars le baril, il n'est pas intéressant à produire», explique Christopher Dembik. Plus étonnant encore, «le pays importe du pétrole depuis le mois de juillet».
D'une part, l'extraction et le raffinage du pétrole vénézuélien sont complexes, le pays a ainsi plus de difficultés à transformer et rendre commercialisable son or noir. En outre, le pays n'a pas investi suffisamment dans ses infrastructures. Après la grande grève de 2002-2003, la compagnie a licencié une partie de sa main d'œuvre, ce qui a encore pénalisé ses capacités de production, explique Christopher Dembik. Entre 2002 et 2015, la production de pétrole est revenue de 3,5 millions à 2,5 millions de barils par jour dans ce pays d'Amérique latine.
Pourtant le pétrole, étendard du pays, est sous perfusion gouvernementale: l'État subventionne les prix de l'essence.