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  • TTIP leaks by Greenpeace

    Ma contribution publiée aux Echos.

     

    La fuite des éléments du TTIP par Greenpeace ne fait que corroborer ce que l’on sait depuis des années. Après l’affaire Snowden, Lux leaks, les Panama Papers, voici l’affaire TTIP leaks by Greepeace.

    Après l’affaire Snowden, Lux leaks, les Panama Papers, voici l’affaire TTIP leaks by Greepeace. Bientôt chaque semaine verra sortir une affaire, un scandale sentant le souffre. Sauf qu’en l’occurrence, les documents publiés comme un scoop fracassant font l’effet d’un petit pétard mouillé. D’autant que les éléments ne respirent pas la fraîcheur

    Voilà découvert que les États-Unis sont ultra-protectionnistes et peu enclins à ouvrir leurs marchés publics ou à accepter de renégocier leurs normes. La simple lecture du Buy American Act de 1933 aurait suffi à le percevoir.

    On y découvre aussi que le principe de précaution tel qu’il existe en droit français ne rencontre pas l’adhésion américaine qui a une logique différente. En fait, depuis 1947, création du GATT, l’ancêtre de l’OMC (créée en 1995), les instances du commerce international partagent avec les États-Unis une approche libérale consistant à ne pas interdire un produit si les connaissances scientifiques ne justifient pas cette interdiction.

    Le principe de précaution postule d’une vision diamétralement opposée puisque le doute scientifique justifie précisément d’interdire le produit. Car, en cas de risque potentiel pour l’environnement ou la santé, la précaution commande d’agir, sans attendre que l’existence de ce risque soit confirmée par la preuve scientifique.

    En clair, le doute ou plus généralement l’absence de certitudes permet, dans le cas du principe de précaution, d’interdire le produit et dans l’autre cas non. D’un point de vue schématique, la recherche d’innovation est opposée au principe de précaution. Ce sont deux visions différentes de la gouvernance du risque.

    Tout est finalement affaire de curseur à placer, car si un vrai danger existe, tout le monde s’accorde pour l’interdire. Les condamnations prononcées par les juges américains confrontés à des dossiers de mise en danger de la vie, de la santé, de l’environnement, tout disposés à les assortir d’innombrables zéros quand les juges français rechignent à dépasser les quatre ou cinq, sont sans équivoque. Les cigarettiers américains ont été condamnés à des dizaines de milliards de dollars quand la France se demande s’il faut un paquet neutre ou non.

    Quant aux normes, on y découvre que la mutuelle reconnaissance pourrait finalement être préférée à une harmonisation complète ; ce qui, au vu de la diversité des situations et des normes en question, n’aurait rien de surprenant.

    De tout ceci découle déjà une inouïe campagne de presse poussant à, immédiatement, mettre un terme à ces négociations, sorte de "courage fuyons !" Il serait, au contraire, judicieux que notre gouvernement ne fasse sienne cette jolie formule de Jules Renard "n'écoutant que son courage qui ne lui disait rien, il se garda d’intervenir".

    Il devient sidérant de voir que l’on découvre qu’une négociation d’une telle ampleur, 40 % des échanges mondiaux, se révèle âpre et que le fossé sera délicat à franchir. Quel acteur du commerce international, en charge d’intérêts importants, a-t-il pu aborder et conclure une négociation sans y avoir laissé ses tripes et sa santé ?

    Le TTIP est un deal énorme qu’il faut savoir traiter comme tel. Il faut donc mener un combat pour la préservation des intérêts européens. Mais, tout négociateur sait qu’il faut être dur, camper sur ses positions, mais savoir aussi ne pas faire perdre la face de l’autre. Une négociation est aussi une question d’image.

    In fine, le TTIP est une chose sérieuse qu’il serait avisé de considérer comme telle


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-156676-ttip-leaks-by-greenpeace-1218942.php?AiOg2kIDgIdp63gU.99#xtor=CS1-32
  • TTIP : les contre-vérités relatives au prétendu secret des négociations

    Contribution publiée aux Echos

    Accusées d’être confidentielles, les négociations du TTIP sont, au contraire, très transparentes. Chaque round de négociations du TTIP est l’occasion d’un rappel du corpus idéologique appelé à dresser les foules contre cet acte odieux.

    Chaque round de négociations du TTIP est l’occasion d’un rappel du corpus idéologique appelé à dresser les foules contre cet acte odieux. L’aspect anti-démocratique est l’un des ressorts les plus puissants tant il fait craindre le pire, laissant certains imaginer qu’un traité fossoyeur des intérêts français puisse nous être opposé sans jamais que personne n’en ait vu le contenu.

    La confidentialité de la COP 21

    Une telle abomination s’est déjà produite, il est vrai. Les négociations de la COP 21, fabuleux succès visant à protéger l’environnement de la planète entière, se sont déroulées dans la confidentialité la plus absolue. Personne n’était autorisé à assister aux séances de travail, personne n’a pu consulter les travaux préparatoires. L

    a seule information disponible fut la vague anecdote livrée par le Président Fabius d’une erreur de traduction entre should (devrait) et shall (devra), à moins que ce ne soit l’inverse, qui nécessita un grand travail de pédagogie pour un retour serein à la table des discussions.

    Pire, alors que le texte signé à Paris en décembre 2015 vient d’être ratifié le 22 avril dernier, aucune trace de ce texte n’est disponible. Seule information existante : la liste des signataires.

    La transparence du TTIP

    Les négociations sur le TTIP sont bien plus transparentes. La Commissaire Malmström multiplie les conférences et autres communiqués de presse qui sont tous aisément trouvables sur internet. Des documents de fonds sont régulièrement publiés comme le fut la confirmation de ce que l’Europe ne sacrifierait pas ses standards. Le calendrier des négociations est toujours affiché longtemps à l’avance.

    Ainsi, il est paradoxal de constater que si le texte ratifié de la COP 21 est toujours tenu strictement confidentiel sans que personne n’y voie rien à redire, la transparence des discussions du TTIP se voit accusée des pires maux.

    Cette ouverture des travaux transatlantiques aurait pourtant dû être saluée, car les observateurs de ces rendez-vous interétatiques savent bien à quel point les corps diplomatiques et autres équipes de négociations ont la culture du secret et de l’entre-soi.

    Les choses avaient d’ailleurs mal débuté avec la Commission Baroso et le sinistre Commissaire De Gucht qui avait décidé dès 2013 d’un processus totalement confidentiel. Nul ne peut contester que son successeur, Cecilia Malmström, œuvre différemment.

    Cette expérience du TTIP et l’inutilité de ces efforts de communication confortent ceux qui voient dans la confidentialité entourant les discussions du TISA (Trade In Services Agreement) le gage d’une négociation sereine vouée au succès


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-156609-ttip-les-contre-verites-relatives-au-pretendu-secret-des-negociations-1218152.php?RSlOY0PtPJ1x2zKr.99
  • Pourquoi cette peur française du traité transatlantique ?

    Contribution publiée à La Tribune

     

    En cette semaine ouvrant le 13e round de négociations autour du TTIP, la France continue d'afficher ses réserves. Pourquoi? Par Hervé Guyader Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

     Depuis 2013, la France ne réserve pas l'accueil le plus chaleureux au TTIP. Nous avons déjà eu maintes occasions de déplorer les raisons de cette frilosité.

    Elles sont techniques s'articulant autour de la question des normes, des appellations d'origine, de l'arbitrage, des marchés publics... L'on comprend, aux réserves formulées par le gouvernement, que celui-ci semble découvrir, un peu tard, l'ultra-protectionnisme américain contre lequel il eut fallu se dresser dès le début afin d'entamer des négociations utiles. Mais elles sont surtout idéologiques tant il est vrai que le TTIP est un acte géopolitique qui vise à proposer une nouvelle configuration du monde.

    Un marché commun unique avec les Etats-Unis?

    La question fondamentale revient finalement à celle de savoir si l'Europe veut constituer un marché commun unique avec les Etats-Unis. Le contexte n'est guère propice, chaque recoin européen voit monter ses populismes, discours favorisant le repli sur soi et la défiance sur l'extérieur, l'étranger. La crise de migrants, formidable terreau de ces dangereuses expressions, n'a pourtant rien à voir avec la mondialisation ou le traité transatlantique.

    S'y ajoute la position inconfortable du Président Hollande qui, en peine de présenter un bilan économique, commence déjà à distiller les éléments de langage d'un « bilan social ». Le traité transatlantique y est foncièrement indifférent, mais peut servir à le consolider. Quel formidable argument à présenter à un électorat de gauche que celui de refuser un traité commercial de libre-échange avec les américains.

    Un débat biaisé

    L'ensemble des marqueurs de gauche sont réunis. Le commerce (a fortiori international), le libre-échange ainsi que les Etats-Unis représentent tout ce contre quoi un militant peut vouloir se dresser debout.

    Les discussions autour du TTIP montrent ainsi malheureusement à quel point la présentation des termes du débat est biaisée, fallacieuse ; les mots de démocratie et de libéralisme étant utilisés à tort et à travers. Au-delà se pose la question de la capacité de l'Europe dans cette négociation. L'on pourrait déplorer l'absence de cohésion, l'impossible cohérence et l'incomplétude de sa construction ou, tout au contraire, trouver là l'occasion formidable de se rassembler enfin pour présenter une Europe forte et unie et proposer des alternatives.

    Critique de l'arbitrage

    Il est sûr qu'en l'état, feindre l'optimisme serait bien exagéré. La question de l'arbitrage, par exemple, est diversement appréciée de chaque côté du Rhin. Les Allemands sont contre car leur pratique arbitrale est pour le moins balbutiante, voire inexistante. Les Français sont, en revanche, des spécialistes reconnus dans le monde entier de l'arbitrage. Fort malheureusement, ils se rejoignent dans la critique d'un mode de règlement des conflits qu'ils jugent occulte, privé, anti-démocratique alors pourtant qu'il existe depuis plus d'un siècle sans que personne n'ait jamais trouvé à y redire.

    La France isolée?

    La France est confrontée à un choix déterminant de son avenir économique comme de sa place dans le monde. Car si elle refuse le traité transatlantique, nul doute qu'elle s'isolera non seulement dans le monde mais également dans le cadre européen. Rien n'empêchera certains Etats européens de conclure des accords commerciaux bilatéraux avec les Etats-Unis.

    Comment, de plus, justifier que la France rejoigne le commandement intégré de l'OTAN, mais refuse la dimension économique de cet atlantisme ?

    L'exemple récent du traité transpacifique devrait conduire à une forme de Realpolitik, les Etats-Unis n'étant finalement pas moins fréquentables que d'autres avec lesquels le partage culturel est moindre.

     

    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pourquoi-cette-peur-francaise-du-traite-transatlantique-567353.html