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HERVE GUYADER - Page 18

  • Le Parlement Européen diffère le vote sur le CETA

    Publié aux Echos.

     

    Le vote, indispensable pour permettre l’application provisoire, du traité unissant l’Union européenne au Canada sera différé au début 2017.

    Trois commissions du Parlement européen, Environnement, Emploi et Transports, ont souhaité disposer de temps pour émettre un avis sur le CETA. Si l'obstruction wallonne n'avait pas eu lieu, le traité aurait dû entrer en vigueur, après ratification des parlements européens et canadiens, le 17 janvier 2017.

    Gagner du temps

    Non contents du retard déjà engrangé, certains députés socialistes ont souhaité gagner encore du temps en proposant de saisir la Cour de Justice de l'Union européenne avant la ratification. Cependant, la position de ces derniers ne semble pas révélatrice du groupe socialiste au Parlement européen puisqu'il les a invités à voter contre cette résolution en échange d'une modification du calendrier.

    La résolution a finalement été rejetée mercredi 23 novembre à Strasbourg en séance plénière, à 419 voix contre, 258 pour et 22 abstentions. La saisine de la Cour de Justice n'aura donc pas lieu, mais la ratification sera bel et bien différée. Il reste que les Canadiens, qui ont soumis le texte du CETA à leur Parlement début novembre, commencent à peu goûter les atermoiements européens.

    Un double langage

    Les rebondissements furent nombreux et la ligne peu claire. Rien que du côté français, après avoir déclaré son opposition au TTIP, le gouvernement français s'est fendu d'un soutien officiellement appuyé au CETA tout en poussant les députés socialistes à faire tout pour le bloquer.

    La manoeuvre, peu subtile, n'a échappé à personne.

    Que notre gouvernement et Matthias Fekl, secrétaire d'État au commerce extérieur, récent fondateur du mouvement Movida puisant son inspiration dans une vision très anti-libérale, ne soient pas favorables au libre-échange est une évidence tant cela repousserait les maigres électeurs qui leur restent.

    Mais le petit jeu commence à donner de l'Union européenne et de sa politique commerciale une vision peu cohérente. En effet, l'utilisation des petites subtilités parlementaires européennes pour faire un pas en arrière quand l'apparence est donnée d'un pas en avant ne donne pas une image rehaussée de l'Europe.

    Reste donc à espérer que la raison inspire nos gouvernants de rapidement cesser ce double langage et de reconnaître la qualité juridique du CETA


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-163133-le-parlement-europeen-differe-le-vote-sur-le-ceta-2046527.php#kJpZVmUY5oQA0UVb.99
     

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  • May + Trump = fin de la mondialisation ?

    Publié aux Echos

     

    À peine digérée, l’élection de Donald Trump mis en perspective de la nomination de Theresa May laisse certains croire que le glas de la mondialisation a sonné.

    C'est Margaret Thatcher et Ronald Reagan qui entamèrent, au début des années 1980, le virage aboutissant à la mondialisation dont le point d'orgue peut être fixé à l'année 1995 et la création de l'Organisation Mondiale du Commerce. Le libéralisme politique entrainait, à sa suite, le libre-échange, la suppression progressive des frontières douanières et la configuration d'un monde ouvert.

    Un retour au protectionnisme ?

    Faut-il croire que le nouveau Président des États-Unis et la nouvelle Première Ministre britannique vont enclencher une machine arrière toute protectionniste en cherchant à instaurer de nouvelles barrières économiques ?

    Faute d'actions concrètes à ce jour, il nous faut nous en tenir encore aux programmes qui restent flous, Theresa May ayant comme seule ligne la sortie de l'Europe et Donald Trump ne prendra ses fonctions que le 20 janvier prochain.

    Il demeure que Britanniques et Américains ont vu fleurir les promesses d'un retour à une vision domestique, isolée, de leur économie. Pour autant, les dirigeants anglais qui avaient porté ces promesses électorales ont démissionné aussitôt le résultat connu. Quant à Donald Trump, il semble avoir déjà fait siens quelques principes de réalisme et de pondération.

    L'analyse d'un vote fait souvent apparaître que l'électeur a été décidé par une seule mesure forte. Il en fut ainsi de la fracture sociale de Jacques Chirac, du travailler plus pour gagner plus de Nicolas Sarkozy et du changement pour François Hollande. 

    Dans le florilège des motifs ayant présidé au Brexit et à la venue de Donald Trump, le protectionnisme économique est-il réellement le marqueur décisif ?

    On serait tenté de le croire s'agissant de l'exemple américain dont le slogan "Make America great again" (rendre l'Amérique grande à nouveau) est fort de ressorts économiques protectionnismes quand il est question de redonner de l'emploi aux citoyens américains en faisant en sorte que la production soit le plus possible nationale. Il en va de même quand Donald Trump promet de faire la guerre commerciale à la Chine et de lui opposer des droits de douane élevés.

    Une libération de la parole raciste

    Ces éléments ont-ils été déterminants du choix américain ? Ou, à l'instar du Brexit, il est d'autres motifs moins avouables ? Quelques mois après, le Brexit laisse apparaître que le coeur du vote fut déterminé par le rejet des migrants qui menaçaient, à en croire ses promoteurs, d'envahir le Royaume.

    Donald Trump ne s'est pas montré moins timide envers les Mexicains et les musulmans dont il veut tout simplement interdire l'accès. Si les quelques jours qui sont passés ont vu une transmutation s'opérer, illustrant l'adage qui veut que la conquête du pouvoir diffère de son exercice, ses propos à l'encontre des étrangers n'ont guère été policés.

    May + Trump pourraient ainsi ne pas caractériser une défiance à l'égard du libre-échange économique, mais se cristalliseraient bien davantage sur le rejet des migrations et des musulmans.

    Cette analyse rend la situation française bien plus dangereuse, car si le programme économique de Marine Le Pen est fait d'incohérences et de non-sens, ses idées envers l'immigration sont, en revanche, d'une clarté absolue !

    La libération de la parole raciste ayant déjà été effectuée au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Hongrie, en Pologne... la crainte se fait vive pour la France.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-162704-may-trump-fin-de-la-mondialisation-2043559.php?KTCRXb2sVSOfeYMl.99
  • Quelles sont les conséquences internationales de l'élection de Donald Trump ?

    Publié aux Echos.

     

    Passée la surprise de l’élection de Donald Trump, vient le temps des conséquences dont l’aspect international augure de grandes incertitudes.

    Pour la seconde fois en 2016, le pire vient d'arriver ! Contre toute attente, contre tous sondages, contre tous les avis des politologues les plus affûtés, Donald Trump vient d'être élu Président des États-Unis. La séquence est inédite, aucun candidat aussi populiste n'avait été élu depuis des lustres.

     

    Peut-être même faut-il remonter à Andrew Jackson, 7e président américain, de 1829 à 1837 pour trouver une parenté ou aux années 1930 avec le Buy American Act de Roosevelt, même si la situation était distincte. La campagne de Trump est émaillée de tellement d'excès, d'outrances qu'il est difficile, impossible, d'y voir un programme clairement structuré. Tout n'est qu'incohérence.

    Des conséquences imprévisibles

    Les questions sont nombreuses :

    - Va-t-il réellement supprimer l'Obama care, l'assurance sociale voulue par l'ancien président ?

    - Va-t-il réellement construire, aux frais des Mexicains, un mur de séparation entre les États-Unis et le Mexique ?

    - Va-t-il réellement expulser plus de 11 millions de sans-papiers ?

    Nul ne le sait, et peut-être même pas Donald Trump lui-même qui ne pensait sûrement qu'à l'élection et non au pouvoir. Le champ international est plus problématique tant il a martelé son opposition radicale aux traités de libre-échange, sa volonté d'instaurer des taxes à l'importation de produits chinois qui se répercuteront par des taxes chinoises aux produits américains. Tout ceci risque fort de glacer le commerce international, de générer de multiples conflits commerciaux devant les organes de règlement des différends de l'Organisation Mondiale du Commerce.

    Les idées ultra-protectionnistes de Trump risquent malheureusement de se concrétiser tant elles ont constitué le marqueur de sa campagne. Les conséquences seraient terribles pour l'économie mondiale et même américaine qui ne produit que 9 % des biens qu'elle consomme.

    Et que dire de sa vision géopolitique tant il se montrait complaisant à l'égard de Vladimir Poutine et méfiant à l'égard de l'OTAN. Quelle sera sa position au regard du Moyen-Orient ? Quelle sera sa politique face à l'Union européenne ? Quelle sera sa décision au regard de l'accord issu de la COP 21 dont il a indiqué ne pas vouloir tenir compte ?

    De quelle manière combattra-t-il Daesh, quand l'on sait qu'il s'était déclaré prêt à utiliser tous les moyens possibles ? Le monde s'ouvre sur une période de terribles incertitudes.

    Reste à espérer

    Reste à espérer qu'il s'entoure des meilleurs conseillers et qu'en homme d'affaires avisé, il s'ouvre au libre-échange, seul à même de permettre la pérennité économique mondiale. Les États-Unis forment un marché intérieur solide, très puissant, mais ont bâti leur puissance sur les exportations.

    L'espoir est cependant bien maigre si l'on se souvient que le Sénat d'il y a quelque temps, déjà républicain, s'était montré hostile à la ratification du traité transpacifique. La victoire de Donald Trump s'étant accompagné de la conservation du Sénat et de la Chambre des représentants ne risque pas de modifier cette ligne protectionniste.

    Les tenants de la realpolitik réussiront peut-être à policer la pratique de Donald Trump qui n'a aucune expérience en la matière. D'autant que le pouvoir de Wall Street, tant décrié, sera finalement peut-être salvateur, car pondérant les éventuelles outrances du Président Trump.

    Sans doute faudra-t-il louer le régime politique américain qui fait des assemblées le siège du véritable pouvoir. Et gageons que la célèbre formule "La conquête du pouvoir est distincte de son exercice" trouve une nouvelle fois application.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-162451-quelles-sont-les-consequences-internationales-de-lelection-de-donald-trump-2041942.php?ZilHG6jHQovLelZh.99