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HERVE GUYADER - Page 22

  • Le libre-échange peut-il seul sauver l’économie mondiale ?

    Contribution parue aux Echos :

     

    LE CERCLE/POINT DE VUE - Les derniers chiffres de l’OMC montrent un rétrécissement du volume des échanges mondiaux, situation qui pourrait être aggravée par les politiques protectionnistes promises par les populistes.

    Mauvaise nouvelle : l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit que les échanges mondiaux ne progresseront que de 1,7% cette année alors qu’elle prédisait un chiffre de 2,8% voici encore quelques mois. Ce chiffre rejoint les abysses de 2008, en pleine crise financière, et semble indiquer une contraction amenée à perdurer. Très inquiétant, les échanges progresseront moins vite que la croissance mondiale annoncée à 2,2% cette année.

    Avant la crise, le rapport était inverse, les échanges croissaient beaucoup plus vite que le PIB mondial et agissaient comme mécanique d’entraînement de ce dernier. Faute d’échanges commerciaux, certains commencent à craindre de voir des croissances mondiales comme nationales moribondes.

    La catastrophe est d’abord asiatique, l’Inde et la Chine ont vu leurs flux reculer au premier trimestre avant de repartir faiblement au deuxième. Seule l’Amérique du Sud parvient à tirer son épingle du jeu en enregistrant une progression de 4,4% de ses exportations. Le constat est aussi désespérant si l’on observe les importations des pays du nord. À titre d’exemple, elles sont passées, aux États-Unis, de +6,5% en 2015 à +1,9% en 2016.

    La tentation du protectionnisme

    En réalité, cette contraction est liée à un retour dangereux du protectionnisme qui semble infuser en maints endroits du monde. Le Brexit, même s’il fut justifié par un refus des migrants, va se traduire par un ralentissement des flux entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne (UE) même si l’on peut espérer que des accords de libre-échange bipartites ou pluripartites puissent voir le jour à plus ou moins court terme.

    Les discours fracassants de Donald Trump sont aussi un signe terrible de repli sur soi. Non content de vouloir faire construire un mur de séparation avec le Mexique, refuser l’entrée des musulmans sur le territoire américain, il veut annuler l’ensemble des traités de libre-échange auxquels les États-Unis sont partie. Et voilà l’Amérique revenue aux temps d’Andrew Jackson, le septième président américain (1829-1837). 

    La France n’est pas éloignée de ces idées, si l’on prend la peine d’écouter les tribuns d’extrême gauche et d’extrême droite qui se rejoignent sur la ligne du protectionnisme économique. La préférence économique française, pour laquelle nous plaidons fréquemment, si elle peut présenter de nombreux avantages, ne peut pas émaner d’une loi ; elle ne peut découler que d’une préférence collective, d’une prise de conscience, d’une volonté. 

    Les chiffres de l’OMC sont malheureusement clairs. Repli sur soi, protectionnisme, établissement de frontières risquent de provoquer une récession économique mondiale que seule une politique concertée de libre-échange peut préserver. Robert Azevedo, le directeur général de l’OMC, ne s’y est pas trompé en appelant à éviter les politiques inconsidérées.

    Il reste plus que paradoxal de voir les résultats financiers des grands groupes mondiaux de vente sur internet que sont Ebay, Amazon ou Alibaba dont les profits se chiffrent en milliards, et d’entendre ceux-là mêmes qui sont consommateurs réguliers de ces sites s’opposer au libre-échange qui est la raison d’être de ces plateformes.

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-160954-pourquoi-le-libre-echange-peut-il-seul-sauver-leconomie-mondiale-2031185.php?aQ2yT5i5Is5Yj0cf.99#xtor=CS1-33
  • Débat I Télé relatif au TTIP / CETA dans l'émission Le Grand Décryptage d'Olivier Galzi

    Hier, je participais à un débat relatif au TTIP / CETA dans l'émission d'Olivier Galzi, sur ITélé

    Y participaient également :

    Henri Sterdyniak

    Yves Roucaute

    Maxime Vaudano

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  • Non M. Bové, l’Europe ne sacrifie pas ses fromages !

    Contribution publiée aux Echos

    Contrairement à ce qu’affirme José Bové, l’Europe ne sacrifie pas ses fromages en voulant ratifier le traité de libre-échange avec le Canada. Tout au contraire !

    Dans un style qui n’appartient qu’à lui, l’inénarrable eurodéputé écologiste José Bové publiait, voici quelques jours, une tribune acerbe dans « Libération » dénonçant le fait qu’en voulant ratifier le traité de libre-échange avec le Canada, l’Europe sacrifiait ses fromages. Plus précisément, il scandait que l’Europe s’apprête à sacrifier 32 fromages sur les 53 produits laitiers protégés au niveau européen par une appellation d’origine.

    « Le banon, le bleu de Gex Haut-Jura, le bleu des Causses, le bleu du Vercors-Sassenage, le brie de Melun, le broccio, le chaource, le Charolais, le chevrotin, l’emmental français est-central, la fourme de Montbrison, le gruyère, le laguiole, le langres, le Mâconnais, le maroilles, le vacherin du Haut-Doubs [...] n’ont pas été défendus par les autorités françaises. Ces fromages pourront être fabriqués, copiés, plagiés au Canada sans que les producteurs n’y aient à redire ».

    Des productions fromagères protégées

    Rien n’est moins faux ! Et l’on peut même affirmer que la situation des fromagers va considérablement s’améliorer. Car le CETA (Canada Europe Trade Agreement) vise à assurer une mutuelle reconnaissance des appellations d’origine entre l’Europe et le Canada.

    Il n’est pas inutile de rappeler que le Canada, comme les États-Unis reconnaissent les marques déposées et non les appellations d’origine qui ne sont pas des marques. En l’état actuel du droit positif, rien n’empêche donc un producteur canadien de fabriquer du camembert, du roquefort ou de la tomme et de la vendre sous cette appellation sur le territoire canadien ou américain. Une fois l’accord entré en vigueur, les Canadiens ne pourront plus fabriquer, copier indûment nos productions en se contentant de dessiner un petit drapeau français pour tromper le consommateur.

    C'est mieux que rien

    Il est vrai que la liste des indications européennes protégées dans l'accord UE-Canada est assez limitée puisqu’elle ne couvre que 173 produits comportant 145 appellations, dont 42 produits français portant sur 30 appellations. 32 fromages manquent à l’appel. Mais il reste incontestable que cette situation est nettement préférable à l’actuelle dans laquelle aucune appellation n’est juridiquement protégée.

    Si l’on se met à la place des producteurs de ces 32 fromages, il est certain de pouvoir se sentir déçu, à tout le moins discriminé et peu satisfait de ce que la Commission européenne ait expliqué, après la conclusion de l’accord qu’elle ait utilisé des « critères objectifs, tels que l’importance économique de ces dénominations sur le marché canadien ».

    Baiser du diable

    Une négociation plus ambitieuse aurait-elle été opportune ? Sans doute, mais pour cela, encore eut-il fallu que José Bové et ses thuriféraires aient arrêté de présenter le CETA (comme le traité de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis) comme le baiser du diable et ait développé davantage d’énergie constructive. Par ailleurs, il faut savoir que le Canada n’a protégé aucune appellation.

     

    Lui en faire avaler 1.510, d’un coup, sans aucune concession réciproque est une utopie que ne partage aucun observateur sérieux du droit du commerce international. Reste à espérer une ratification rapide du CETA et l’engagement immédiat de nouvelles négociations pour présenter de nouvelles appellations. Gageons, alors, que les 32 fromages préférés de José Bové soient reconnus et ainsi protégés


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-160534-traite-europe-canada-leurope-ne-sacrifie-pas-ses-fromages-2028089.php?eFmAUR9ihOxV21lT.99#xtor=CS1-31